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Tous les jours, autour du monde, des personnes cherchent des idées pour protéger l'Océan. 

Nous avons décidé de partir à la rencontre de ces Héros de l'Océan pour vous présenter leur travail !

JOURNAL DE BORD

Suivez nos aventures ! 

Bienvenue sur notre journal de bord !

Si vous souhaitez en savoir plus sur notre vie en mer, vous êtes au bon endroit.

Traversée Canaries - Cap Vert

Nous vivons nos derniers instants à Las Palmas, aux Canaries. Les verres s’entrechoquent au mythique Sailors Bar en attendant nos équipiers Léa et Collin. La transat est au centre des conversations de chacune des tables. Les casquettes de dizaines de skippers décorent le plafond de cet étonnant point de rendez-vous. Les cheveux approximativement coiffés et grisonnants, la barbe de trois jours, la peau abîmée par le sel et le soleil et les mains épaisses divulguent rapidement l’identité de ces skippers. Dès que l'un d’entre eux passe la porte du bar, les bateaux stoppeurs se poussent pour arriver en premier à leur hauteur. En quelques secondes, il doivent se montrer convaincants, polis et sympathiques. Ils sont des dizaines, entre 18 et 35 ans, à dormir sur la plage de Las Palmas, ou dans l’auberge de jeunesse d’à côté, en espérant trouver un embarquement pour rejoindre le continent sud américain. La majorité d’entre eux n’ont presque aucune expérience de navigation. Pire encore, certains n’ont jamais mis le pied sur un bateau. Mais ils partagent tous cette ambition d’une transatlantique comme première expérience en tant qu’équipier. A bord de Molecule, nous sommes 2. Le bateau n’est pas très grand mais nous réfléchissons à rendre un petit service à un ou deux d’entres eux, en les descendant jusqu’au Cap Vert, point de départ de la transat. Après quelques rencontres, nous décidons d’accueillir Léa et Collin pour ces 850 miles nautiques. Ces frères et soeurs ont comme unique expérience de navigation, un stage de voile en Méditerranée. Mais, habitués de la montagne et des voyages, l’aventure et le peu de confort à bord ne leur fait pas peur.

 

Nous sommes le 1er novembre, le soleil n’est pas encore levé. L’ancre se retire doucement du sable canarien. La prochaine fois qu’elle retouchera l’eau, ce sera en Afrique.  Les prévisions météo sont bonnes : 18 et 25 noeuds de vent de secteur NE. Seul petit bémol, la houle prévoit d’être sportive. Mais, les 3m50 annoncés nous pousseront par l’arrière, ce qui est une bonne nouvelle. 

 

La côte de Gran Canaria se dessine à 6 milles nautiques de notre bateau. Le soleil brille, la musique tourne, le pilote tient le cap, mais le mal de mer commence à s’installer chez nos deux équipiers. Très vite, il ne leur est plus possible de manger, de boire ainsi que de rentrer à l’intérieur du bateau. Chaque mouvement leur demande beaucoup de concentration. Une légère inquiétude se lit dans le regard de Tiphaine et moi. Nous savons bien, qu’au large, la mer est bien plus formée. 

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La première journée s’achève. Le soleil se rapproche de la ligne d’horizon. Gran Canaria commence à s’éloigner dans notre sillage. Mais, à cet instant une alarme retentit. Très vite, nous comprenons que le pilote vient de décrocher. Cela arrive parfois, lorsque la mer est trop formée. Seulement, l'océan est bien calme en ce moment. Il est essentiel de trouver l’origine de la panne au plus vite, car sans pilote, sous serons obligée de se relayer à la barre pendant toute la durée de la navigation. Rapidement, nous identifions un problème de branchement de câble au niveau de la prise du pilote. Nous refaisons les connections, et c’est reparti. Enfin… pas vraiment. Quelques minutes plus tard, l’alarme retentit de nouveau et le pilote s’éteint. Cette fois-ci, nous parvenons pas à trouver l’origine de ce disfonctionnement. La question se pose alors. Faut-il faire marche arrière pour tenter de réparer notre unique pilote, ou continuer. Peut être que nous le regretterons plus tard, mais la décision est prise. Nous continuons.La première nuit à la barre est extraordinaire. Le vent souffle entre 15 et 20 noeuds. Les étoiles éclairent le ciel. Les sensations sont superbes. Les rotations de quarts se font toutes les 3h. A 2, nous assurons tous les roulement. La manque d’expérience de Léa et Collin les empêchent de barrer plein vent arrière, de nuit. D’autant plus que leur mal de mer ne s’arrange pas. Le rythme commence à s’installer après les premiers 200 miles nautiques. Nos deux équipiers ne sont plus malade et nous soulagent beaucoup dans les tâches de la vie quotidienne. Effectivement, chaque minute de sommeil est très précieuse. Barrer nous demande de la concentration et nous fatigue. Lorsque nous quittons le post de barre, il ne nous faut pas beaucoup de temps avant de rejoindre notre couchette. Ce soir, Léa et Colin nous proposent de participer aux quarts afin de nous donner coup de main en descendant regarder les bateaux à l’AIS. Cette proposition est très appréciable, mais le bulletin de ce soir n’est pas très bon. La mer va se former et le vent va forcir. Il est ainsi préférable de rester seul sur le pont afin de manoeuvrer plus facilement depuis le cockpit. La nuit tombe et comme cela était prévu, la houle se lève. Au large, la hauteur des vagues n’est pas forcément le problème. Ce qui a de l’importance, c’est la période entre chacune d’entre elles, ainsi que leur direction. Malheureusement pour nous, ces deux indicateurs ne sont pas bon. Le travail à la barre se complique. Un deuxième train de houle se lève sur notre travers, frappant le bateau sur son flanc. Ces conditions furent les mêmes pendant 6 jours. "Les douches" furent très régulières suite aux vagues déferlants dans le cockpit. Toujours à la barre, les douleurs commencent à se faire ressentir. Nous passons l’entièreté de notre temps assises, courbées, la tête vers le sillage du bateau pour prendre les vagues correctement. Les cloques qui habillent nos mains se font de plus en plus nombreuses, et les torticolis apparaissent le long de nos nuques. Les conditions n’ont pas évolués depuis la deuxième nuit de traversée. Le vent souffle à 30noeuds et la mer est croisée par 3m50 de houle. Les conditions sont sportives, mais largement acceptables, bien que la fatigue s’immisce tranquillement. Avec Tiphaine, nous ne faisons de que nous croiser. Nous barrons chacune 12h par jour et dormons les 12h suivantes. Chacune des tâches de la vie quotidienne demande de l’organisation. Il est impossible de lâcher la barre, se serait-ce qu’une seconde. Alors, Colin et Léa nous sont d’une grande aide pour boire, manger, mettre un pull, regarder le niveau des batterie, surveiller l’AIS. Depuis le départ, ces deux derniers se sont bien amarinés. Leurs plats de plus en plus élaborés, régalent nos papilles et nous redonnent des forces. Malgré la fatigue, nous prenons beaucoup de plaisir à naviguer. La mer est vivante, nous le ressentons. Les heures à la barre sont merveilleuses.  Bien loin des explorateurs du 15ème siècle, nous ressentons tout de même cette excitation à découvrir bientôt, un nouveau continent, après des jours d’aventures sur l’immensité de l’océan. Nous sommes le 7 novembre. Hier soir, le bulletin météo nous a informé que les conditions allaient se durcirent. La mer va se faire plus grosse et le vent plus fort, alors nous préparons le bateau. Notre voile tempête, le tourmentin est mit à poste, prêt à être envoyé. Nous mangeons, et rangeons des barres de céréales dans les poches de nos vestes de quart. Le vent souffle maintenant à 40 noeuds établit. La mer est blanche. Chacune des vagues déferlent, laissant se dessiner une immense trainée derrière elles. Hautes de 4 à 5 m de haut, elles sont maintenant semblables à des murs. La période très rapprochées entre chacune d’entres elles, rendent leurs pentes vertigineuses. Lorsque qu’elles se dressent derrière nous, leurs crêtes menaçantes finissent parfois par s’écraser dans le cockpit. Nous sommes trempés. Trempés, mais émerveillés par le spectacle qui s’offre à nous. Tous les 4, portés par l’adrénaline, fascinés par les éléments déchainés. L’océan, fouetté par le vent, brille de son bleu azur, si caractéristique de cet océan Atlantique. Seulement, la nuit tout est sombre. La lune ne se lèvera qu’a 4h. Alors, le travail à la barre se complique. Guidées par les étoiles, nous faisons surfer notre petit bateau et son équipage sur ces masses d’eau sauvages. Les lueurs blanchâtres nous aident à positionner le bateau perpendiculairement à ces dernières. Exceptionnellement, nous veillons à 2 sur le pont. Léa et Collin resterons à l’intérieur toute la nuit.Cela fait maintenant 24h que le tourmentin a été envoyé. Le soleil brille et les derniers kilomètres nous séparant de l’île de Santiago diminuent. Nous prévoyons d’arriver dans 2 jours. Les discussions ne tournent plus qu’autour des douches et de nos envies culinaires. Bientôt, nous verrons la terre. Vendredi 9 novembre. Les hauteurs de l’île de Santiago apparaissent entre les nuages. La mer est calme à présent. Tous les 4 sur le pont, dans un calme religieux, nous admirons cette terre nouvelle. Le film de ces 9 derniers jours défilent dans nos têtes. Notre amour pour la mer ne se fait que plus intense, et nous savons que devant nous se dressent encore des milliers d’histoires à vivre. À 21 heure, heure locale, nous jetons l’ancre dans le village de pêcheur de Tarrafal, et dégustons cette baignade sous les étoiles. ​

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Traversée Portugal - Canaries

Nous sommes le 23 septembre. Il est 5h du matin à Peniche. Malgré la nuit encore présente, quelques pêcheurs trient leurs poissons fraîchement sortis de l'eau. Sur notre ponton, tout est calme. Ça y est, nous sommes prêtes à partir. Prêtes pour la plus longue traversée depuis le départ du Crouesty. Nous devons parcourir 650 milles nautiques avant d'atteindre I'île de la Graciosa aux Canaries. Avec une vitesse moyenne de 4.5 noeuds (soit 8 km/h), nous comptons 6 à 7 jours de navigation. L'impatience se fait ressentir. Tiphaine est sur le quai et largue les amarres. Quant à moi, j'actionne la marche avant. Malgré l'excitation grandissante, il faut rester concentrée. Le premier défi se trouve aux portes du port. Un champ de mines de filets de pêche et casiers quadrille l'océan sur plusieurs milles. De jour, ce passage nécessite une importante concentration. De nuit et sans lune, il faut avoir la chance avec soi pour ne pas coincer son hélice dans un de ces pièges à poissons. Tiphaine fait figure de proue. À l'avant du bateau, munie d'un projecteur, elle tente d'éclairer les petites bouées, que j'évite à la barre.

 

Après plus d'1h de slalom, les quarts se mettent en place. Molécule prend maintenant la direction du 240° vers le sud ouest. Si nous mettons le cap vers les Antilles, c'est pour passer au plus vite le rail de cargos de Gibraltar. II est préférable de traverser cette autoroute de 40 km de large de jour. 

Après plusieurs heures de navigation, le vent se lève. C'est toutes voiles dehors que nous voyons apparaître les premiers monstres des mers. Des cargos de plusieurs centaines de mètres de long semblables à des immeubles. Le spectacle est impressionnant. Il faut s'imaginer des barres d'immeubles de 10 étages foncer les unes après les autres à 25 km/h. Et c'est à bord de Molécule, 9,25 m de long et 8 km/h de vitesse moyenne, que nous observons cet étrange spectacle. Alors, lorsqu'une route de collision se dessine, nous n'hésitons pas à appeler ces immenses bateaux pour tenter de les dérouter. 

 

Il est maintenant 20h. Le soleil se couche et nous voyons disparaitre les derniers cargos dans notre sillage. C'est le moment de prendre la direction des Canaries. Les 3 premiers jours sont ressemblants. Le vent de nord prend régulièrement un peu d'angle vers l'ouest, puis un peu d'angle vers l'est. Ces variations nous demandent de manœuvrer régulièrement pour optimiser notre vitesse et notre cap. Chaque nuit, le vent forcit. Nous réduisons donc les voiles pour être plus sereines. La journée, nous avons chaud. Pas un seul nuage n'arpente le ciel. 

Ce n'est que la 4ᵉ nuit que les conditions évoluent. Le vent se lève pour atteindre 30 kts établie (58 km/h). Nous affalons entièrement la grande voile, et naviguons sous voile d'avant roulée à moitié. Les vagues ont pris de la hauteur. Dans ces conditions, la pleine lune est appréciable. Elle éclaire les masses d'eau dans notre sillage et aide la barreuse à les prendre au surf. Nous faisons de belles pointes de vitesse. Au lever du jour, le vent est un peu moins fort, 20/25 noeuds (environ 40 km/h). Cependant, la houle est à présent croisée et courte. Ces conditions inconfortables seront les mêmes pour les derniers jours. Les vagues rendent la vie compliquée à bord. Faire à manger, dormir, aller aux toilettes, s'habiller... Chacune des tâches quotidiennes est respectivement un petit challenge.

 

C'est alors avec joie que nous découvrons sur I'horizon, se dessiner I'île de la Graciosa. Nous sommes le 28 septembre, le soleil se couche et un banc de 150 dauphins nous escorte. Le tableau est féérique.

 

À une heure du matin, six jours et demi après le départ, nous posons pied à terre sous la chaleur des Canaries. À peine le moteur éteint, un garde de la sécurité, nous demande de partir. La raison : nous n'avons pas réservé de place au port. On aura connu mieux comme accueil... Après 30 minutes de négociation, nous sommes autorisées à passer la nuit. Mais nous devons nous engager à quitter le port au petit matin, avant que ses collègues ne se réveillent.

 

Cela fait maintenant une semaine et demie que nous découvrons les Canaries. Après 5 jours sur l'île déserte et presque inhabitée au mouillage sud de la Graciosa, nous débarquons à Lanzarote. Île bien plus touristique, où nous trouverons quand même notre bonheur sur la superbe plage de Papagayo. Après un passage à Fuerteventura, nous voilà maintenant à Gran Canaria où nous profitons du port, pour vous écrire ces quelques mots et monter les interviews réalisées juste avant de quitter le Portugal. 

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6 jours et demi au large de l'Afrique

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Galice

Entre la Galice et le Portugal

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21 Aout 2023

Un problème électrique nous fera rester 3 jours à Viveiro. Pendant cette première escale en Galice, nous laissons également passer la fameuse dépression du Cap Finisterre. Après avoir réglé les disfonctionnements électriques, nous mettons le cap sur Vicedo à seulement quelques milles de là où nous nous trouvons. Nous passons 2 jours au mouillage face à ce petit port de pêcheurs, puis nous levons l'ancre pour rejoindre la célèbre ville des navigateurs du Golfe de Gascogne : La Corrogne.

Une traversée d'une dizaine d'heures de nuit est prévue. Le vent souffle à 15 noeuds, comme les prévisions l'indiquaient. Une longue houle nous fait glisser à 6 noeuds au largue. Après quelques heures, les premiers cargos font leur apparition. Il faut anticiper leur route pour éviter l'abordage. Le plus difficile est sûrement la rencontre avec les pêcheurs. Ces derniers ont des trajectoires imprévisibles. En seulement quelques secondes, leur cap et leur vitesse peuvent changer radicalement. Pour ne pas faciliter l'exercice, certains éteignent leur AIS (système de tracking permettant de repérer les bateaux) ainsi que leurs lumières, pour ne pas être vus par leurs confrères. Lorsque les conditions se renforcent, cela devient encore plus technique. Le vent souffle maintenant à 35 noeuds, accompagné d'une belle houle de 3m. Nous filons à 8.5 noeuds au portant, grand-voile affalée, et génois roulé de moitié. Bien que Molécule soit moins manoeuvrant, la traversée se passe bien et nous arrivons à destination au levé du jour. 

Nous passons 3 jours à la Corrogne. Cette escale au port nous permet de réparer une voie d'eau sur l'un des hublot et de faire quelques modifications du plan de pont. 

Les jours suivants, nous poursuivons notre route vers les îles Sisargasses: Muxia puis Camarinas. Lors de cette dernière escale, nous disons au revoir à Lucien, parti pour de nouvelles aventures. 

Cela fait 2 semaines que nous sommes arrivées en Galice sur notre petit bateau. L'objectif est à présent de descendre vers Peniche. Mais un léger détail va faire évoluer nos plans. Ce léger détail... ce sont les orques. Depuis 3 ans, des familles d'orques s'en prennent aux safrans des voiliers. Cette partie immergée du bateau permet de diriger les navires. Lorsque ces animaux de plusieurs tonnes commencent leur attaque, cette petite pièce ne met pas longtemps avant de céder. Ces comportements auraient débuté suite à une interaction entre une orque et un voilier il y a plusieurs années, la marquant de nombreuses cicatrices. Depuis, elle aurait développé une réaction d'autodéfense à l'égard des bateaux. Seulement, les autres orques auraient copié ce comportement, devenant aujourd'hui la hantise des plaisanciers. Sur les côtes portugaises et espagnoles, au moins 3 voiliers par jour entreprennent des réparations sur leur safran suite à une interaction avec un groupe d'orques. 

A notre arrivée à Muxia, des attaques ont été enregistrées au large de la ria (le nom des grandes anses en espagnol). Sur les pontons, les discussions ne tournent qu'autour des étranges comportements de ces animaux et des stratégies à adopter. Les recommandations seraient de rester à moins d'1 mille nautique de la côte et moins de 50 mètres de profondeur. Il est également conseillé de ne pas naviguer de nuit afin d'avoir une bonne visibilité sur les éventuels ailerons qui s'apporcheraient. Comme beaucoup d'autres plaisanciers, nous prenons la décision de naviguer moteur allumé et grand-voile affalée, afin de limiter les complications en cas d'attaque. 

Ces nombreuses conditions ralentissent radicalement notre avancée vers le Portugal. Nous prenons notre mal en patience et profitons de cette magnifique région, bien loin de la culture espagnole que nous connaissons. 

Le 3 septembre est marqué par le passage du célèbre Cap Finisterre. Cette navigation de quelques milles seulement, n'est pas la moins technique, au contraire. Ce cap est réputé pour ses courants contraires et sa forte houle. Cette côte porte même le nom de "Costa da morte" en raison des nombreux naufrages enregistrés. Pas facile de rester à quelques centaines de mètres de cette côte, avec un vent de face.

L'arrivée dans la prochaine ria est superbe. Le spectacle des montagnes et des forêts de pins plongeant dans la mer est sublime. A Portosin, nous restons cinq jours le temps de régler une fuite d'eau douce dans le bateau.

 

Le dimanche 10 septembre à 21h, nous partons pour Peniche. Pendant deux jours et deux nuits, nous naviguons en direction du Portugal. Bien entendu, le bateau ne s'arrête pas lorsque le soleil se couche. Toutes les trois heures, nous changeons de rôle. L'une veille pendant que l'autre se repose. Le manque de vent nous offre un spectacle extraordinaire. Une mer d'huile, des levers de soleil à couper le souffle et la danse des dauphins presque constante à nos côtés. A deux sur notre petit bateau, nous sommes spectatrices de ce que la nature nous offre. À seulement 1 mètre du bateau, à l'aube du deuxième jour, un animal d'au moins 8 mètres de long décide de prendre sa respiration à l'endroit où nous nous trouvons. Les sueurs froides laissent finalement place à l'émerveillement quand nous voyons cette baleine s'éloigner lentement.

Nous arrivons à 22h le 12 septembre dans ce petit port de pêche portugais où nous passerons plus d'une semaine. 

Peniche est l'occasion pour nous de rencontrer 2 entreprises agissant en faveur de la protection des océans. Le premier projet, SEAntia développe un système d'aquaculture durable, visant à limiter la surpêche et la pollution engendré par cette industrie. Le deuxième projet est Peniche Ocean Watch, qui développe un système de recyclage de filets de pêche. 

Nous sommes maintenant le 20 septembre. Les prochains jours sont destinés à la préparation du bateau avant d'entreprendre une traversée de 650 milles nautiques en direction des îles Canaries. 

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Passage du cap Finisterre

03.09.2023

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La traversée du Golfe de Gascogne

14 Aout 2023

Il est 16h. Nous sommes au port du Crouesty, dans le Morbihan. Nous avons donné rendez-vous à nos proches pour le grand départ. L'heure est aux au-revoirs. La prochaine fois que nous foulerons le sol de la métropole française, ce sera dans 1 an. 

Après de longues embrassades, nous finissons par larguer les amarres et laisser place à l'aventure. Enfin... pas tout à fait. Un retard dans la livraison du Garmin Inreach nous oblige à faire un détour par Quiberon. Nous ne pouvons partir sans ce petit appareil. Il s'agit de notre unique moyen de communication (par satellite) avec la terre. C'est grâce à lui que nous recevrons les bulletins météo tous les jours à 21h, heure française. Alors, nous accostons au ponton essence de Port Haliguen, récupérons le colis et tentons désespérément de le configurer. 

C'est bon, le Garmin est prêt, cette fois ci, nous partons vraiment.

Il est 23h, le vent souffle à 10 nœuds au passage de la Teignouse. Après avoir quitté les derniers rochers de ce célèbre phare, nous mettons le cap vers la pointe des Poulains, au nord de Belle-île-en-Mer. Le vent a un peu forci, alors nous réduisons la taille des voiles avant de commencer les quarts. Pour cette transgascogne, nous accueillons Lucien comme 3ᵉ équipier. Les quarts s'organisent en rotation de trois heures chaque nuit. Le bateau ne s'arrête pas lorsque que le soleil se couche. Il faut assurer une veille constante pour éviter les autres bateaux, régler les voiles et le cap. 

Molécule s'est éloigné des dernières lumières de Belle-île-en-Mer. Nous sommes maintenant à 481 km de la Corrogne et 185 km de Quiberon. Notre petit bateau de 9,25 m glisse à 4.5 nœuds de moyenne. Nous profitons du vent avant de ne plus en avoir dans quelques heures. Nous avons été informés que le vent soufflerait à 60 nœuds sur le Cap Finisterre dans deux jours. Il faut donc faire de la route pour ne pas se retrouver au cœur de la dépression. Bien que le spectacle serait beau, la mer haute, courte et croisée ne sera pas vraiment accueillante. Il n'est pas conseillé de se confronter à ce mythique cap dans de telles conditions. 

"C'est un nuage ou c'est la côte là-bas ? " se demande Lucien. Après trois jours et trois nuits, la côte espagnole se dessine à l'horizon. Nous commençons à apercevoir Viveiro, à seulement 20 milles de là. C'est finalement sur cette ville de Galice à l'est de la Corrogne que nous avons jeté notre dévolu, pour éviter les vents violents soufflant sur la côte ouest. 

Six heures plus tard, nous voilà sur l'eau glassy de la ria espagnole. Nous sommes subjugués par la beauté de cette baie immense. Un banc de dauphins nous accueille, suivi par un petit requin. Nous apercevons les oiseaux planer à quelques centimètres de l'eau avant que le soleil ne disparaisse.

Nous nous souviendrons longtemps de cet accueil après la toute première traversée de cette boucle atlantique. 

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"Cette nuit NE 10nds passant E le mat.

Puis S ds la journ tt en molisst 5 nds

Nuit 17/8 à 10nds SSO

18/8 8h Sud 50nds à prévoir sur cap finist. 

Bonne nu"

Message météo du 16 aout

Les 300

milles de la transgascogne

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Les préparatifs

Nous sommes en mai 2023. Le départ est prévu pour juillet. Mais, problème… Nous n’avons pas de bateau, pas d’assurance, pas assez de financement pour couvrir 1 an d’expédition… Bref, notre objectif est de partir dans 3 mois, mais tout laisse à penser que le départ sera retardé. 

Cela fait déjà deux ans et demi que le projet CNO est né. 2 ans et demi que nous travaillons sans relâche pour atteindre l'objectif que nous nous sommes fixé. L'idée est de partir un an autour de l'océan Atlantique, en voilier, pour faire comprendre aux jeunes de toutes cultures le rôle qu'ils peuvent jouer dans la défense des océans. Dès le départ, nous savons que le projet final ne prendra surement pas la même forme que ce que nous imaginons aujourd'hui. Même si nous finissons par rester en Méditerranée, en Espagne ou même en France, nous mettrons toute notre énergie pour que ce projet se réalise. 

Alors c'est parti, le compte à rebours est lancé. Mission après mission, nous apprenons ce qu'est le développement d'un projet. Nous commençons par la création de l'identité. Le nom est choisi : Cape New Ocean. Cela représente bien la mission que nous nous sommes fixée : prendre un cap vers un nouvel océan. 

En janvier 2022, tout se concrétise un peu plus. L'association est déclarée d'intérêt général. Il faut maintenant rechercher du financement et construire le projet. Alors, nous sommes confrontées à notre premier défi : convaincre. Sans financement, nous n'irons pas bien loin. Pendant un an et demi, nous vivons de réelles montagnes russes, en parallèle de nos études. Après les premières portes qui ont tardé à s'ouvrir, des personnes nous tendent la main et décident de nous faire confiance. Nous finissons par remporter un concours, signer plusieurs partenariats, réaliser une belle campagne de crowdfunding et agrandir l'équipe. 

Le départ est prévu pour juillet, mais bien que le projet soit construit, des éléments majeurs manquent à l'appel. Nous n'avons toujours pas de voilier. L'idée de départ était de financer l'achat du voilier grâce aux financements récoltés. Après très peu de temps, nous avons réalisé que bien évidemment, cela ne sera pas envisageable. À ce moment précis, nous imaginons plusieurs solutions de repli : partir en bateau stop, acheter un tout petit voilier et ne pas partir bien loin ou encore partir à vélo. 

Après réflexion, nous décidons, à titre personnel, de nous engager financièrement.

Après de nombreuses recherches, un First 30E de 1983 en cours de boucle Atlantique Nord, nous attire l'œil. Mais deux petits détails sont à prendre en compte, nous ne l'avons jamais vu, et son retour en France est prévu pour le mois de juillet. Avant de repartir pour une aventure d'un an, quelques bricolages seront nécessaires. 

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Le 4 juillet, ce bateau qui sera renommé Molécule arrive au port du Crouesty. Il est conforme à ce que nous imagions. Le 5 juillet, nous signons l'acte d'achat. Très vite, il est sorti de l'eau pour réaliser les travaux nécessaires : changement des passe-coques, antifouling, réparation du safran, révision des voiles, changements des main-courantes, et bien des choses encore. Pendant un mois, nous élisons domicile au chantier. Nous apprenons à vivre dans notre drôle de maison, perchée à 2m de haut. Le soir, après la journée de travaux, nous sortons nos ordinateurs et travaillons sur les nombreuses choses que nous avons à boucler avant de pouvoir partir. 

Après avoir déplacé la date de mise à l'eau plusieurs fois, Molécule est maintenant prêt à retrouver son élément naturel. 

Le 7 août, la dernière étape des préparatifs débute : la prise en main du bateau. Nous tirons nos premiers bords sur notre nouveau bateau, entre Piriac, Houat, Lorient, Quiberon... Tout se passe pour le mieux et nous fixons la date du grand départ. Nous larguerons les amarres le 14 août du port du Crouesty en Bretagne sud.

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Mois de juillet au chantier

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